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Jean-Christophe LAGARDE gagne la tête de l'UDI

Lagarde, un tribun atypique à la tête de l'UDI

PORTRAIT - Malgré une fin de campagne à couteaux tirés avec son adversaire Hervé Morin, Jean-Christophe Lagarde a transformé l'essai jeudi soir en étant élu président de l'UDI avec plus de 53% des voix. Pour cet ambitieux aux prises de positions atypiques, cette consécration pourrait bien n'être qu'une nouvelle étape dans sa conquête du pouvoir.

De challenger, il était déjà passé au statut de favori le 16 octobre dernier, en arrivant en tête du premier tour du scrutin interne pour la présidence de l'UDI. Jeudi soir, Jean-Christophe Lagarde a remporté le second tour devant son adversaire Hervé Morin, à l'issue d'une campagne musclée. Cette victoire n'est pas une surprise pour autant. "Jean-Christophe Lagarde a acquis une grande expérience en grimpant chaque échelon du système et en comprenant les problématiques de chaque couche du millefeuille", explique ainsi la sénatrice centriste Valérie Létard.

Le député-maire du Drancy (Seine-Saint-Denis) est entré en terre centriste à l'âge de 20 ans. Un an plus tard, en 1988, il participe activement à la campagne de Raymond Barre, son modèle en politique. La défaite de son champion le renforce dans ses convictions. Il se choisit alors une terre d'élection : ce sera Drancy, une commune de Seine-Saint-Denis, fief des communistes depuis 1945.

Un conquérant en terre communiste

Dès lors, débute une conquête du pouvoir à tous les niveaux, délaissant ses études d'histoire pour se consacrer à la politique. Il devient d'abord chef de l'opposition locale puis candidate à tous les scrutins. A 26 ans, il défie l'un des poids lourds du PCF, Jean-Claud Gayssot, aux législatives à Drancy. Deux ans plus tard, il met en ballotage aux municipales Maurice Nilès, édile communiste de la commune depuis 1959. C'est en 2001 puis en 2002 qu'il devient enfin député-maire de la circonscription. Sa victoire a un retentissement national : il a pris une mairie communiste au sein d'un département totalement acquis à la gauche.

Au sein de la famille centriste, il ne chôme pas non plus. Président des Jeunes démocrates sociaux de Seine-Saint-Denis en 1990, il rencontre François Bayrou un an plus tard. Le leader de l'UDF en fait aussitôt l'un de ses poulains. Jean-Christophe Lagarde pilote le mouvement des Jeunes UDF de 1996 à 2001. "C'est un tribun qui a su forcer son destin, en s'imposant dans les instances de l'UDF", explique Maurice Leroy. Cet ancien ministre, qui soutenait Hervé Morin pour la présidence de l'UDI, regrette toutefois : "Jean-Christophe Lagarde a un vrai défaut : il joue trop perso."

Course en solitaire

En effet, le député-maire du Drancy est un habitué des coups d'éclats en solitaire, que ce soit dans l'Hémicycle ou au sein de son parti. En 2007, pourtant porte-parole de François Bayrou, il critique le rapprochement finalement avorté entre son candidat et Ségolène Royal, dans l'entre deux tours. Cinq ans plus tard, membre du Nouveau centre, il pilonne son président de parti, Hervé Morin, lequel voulait se présenter à la présidentielle. En juin 2012, il créé finalement sa propre chapelle, Force européenne démocrate (FED).

Sur le fond, son positionnement est tout autant iconoclaste. En 2005, il est ainsi le seul centriste, avec Jean Lassalle, à prôner le "non" au référendum européen. Quelques mois plus tard, il dénonce la ghettoïsation d'une partie des Français en pleines émeutes des banlieues. Il critique alors le ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy. Une anicroche qui est sans doute à l'origine du fait que Jean-Christophe Lagarde, longtemps pressenti à un secrétariat d'Etat sous François Fillon, n'entrera jamais au gouvernement.

Un "homme de droite" avec une "sensibilité sociale"

Pour la dépénalisation du cannabis, pour le mariage pour tous ou encore contre la loi interdisant tout signe religieux distinctif à l'école, Jean-Christophe Lagarde a su se construire un profil atypique. "Il a une sensibilité sociale plus importante qu'il n'y paraît, mais a su rester un homme de droite", décrypte la sénatrice Valérie Létard. "C'est cet équilibre qui pourrait faire de lui un bon candidat à la présidentielle", estime pour sa part l'eurodéputé Jean Arthuis. Ce dernier aurait pourtant préféré Hervé Morin à la tête de l'UDI.

Car Jean-Christophe Lagarde ne fait pas l'unanimité en tant que chef de parti, loin de là. L'UDI s'est entredéchirée pendant un mois entre ses partisans et ceux d'Hervé Morin qui l'accusaient de clientélisme. Le très grand nombre d'adhérents UDI qui se sont inscrits à Drancy et qui ont voté pour leur maire font peser le doute sur la crédibilité du scrutin interne. Il rêve d'un "centre conquérant" - le slogan de sa campagne interne à l'UDI. Mais il n'a pas tout à fait conquis le centre, Hervé Morin et Jean-Christophe Fromantin faisant planer la menace de quitter l'UDI.

DE Gaël Vaillant - leJDD.fr

Écrit le jeudi 13 novembre 2014

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